http://perso.wanadoo.fr/guy.vidal/Thomas_MARCHE/dragonnades3.htmCe fut le mardi 22 août 1681 que la compagnie de cavalerie de M. de la BRIQUE arriva en notre paroisse...On envoya d'abord chez nous un maréchal des logis avec un billet, lequel pourtant ne mis point pied à terre pour lors, mais nous demanda à votre bonne mère et à moi si nous voulions nous convertir, et après notre réponse de ne point vouloir changer de religion, il sortit incontinent de notre cour... Il n'y avait qu'un moment que le maréchal des logis était sorti, lorsque le dit sieur de la BRIQUE entra chez nous. Il nous demanda si nous voulions lui payer ses places chaque jour, nous disant que nous aurions moins de cavaliers, et sur ce que je lui dis que je n'avais point d'argent, il se promena et visita les chambres et les écuries, puis il sortit. peu de temps après arrivèrent deux cavaliers avec un billet qu'ils me donnèrent, et ayant mis leurs chevaux dans l'écurie, nous commandèrent de leur chercher plus de choses pour leur dîner que six personnes n'en pourraient apprêter dans une semaine. Et pendant que nous nous occupions à leur apprêter à dîner, deux autres cavaliers arrivèrent avec un autre billet, et mirent aussi leurs chevaux dans l'écurie. Ceux-ci n'en étaient pas sorti qu'un autre arriva avec son billet, qui se plaça incontinent. Ce n'était pas assez de ces cinq, car auparavant que ce dernier eut attacher son cheval, arrivèrent quatre autres cavaliers, lesquels ne trouvant pas le foin à leur gré, commencèrent à enchérir sur les jurements et blasphèmes qu'avaient vomis les premiers, et peu après vinrent dans la chambre avec les autres. Ils demandaient des choses impossibles à trouver dans toute la paroisse, ...
... toute la paroisse se trouva être changée de religion, en 17 ou 18 heures, excepté quinze ou vingt familles, lesquels pour la plupart avaient fait comme nous, accablés de cavaliers le premier jour de leur arrivée, s'étaient ôtés de leur chemin, en abandonnant leur maison à leur discrétion ... ils prirent tous nos lits, linges, hardes, vaisselles et autres choses qu'ils purent porter chez les voisins, qui achetèrent pour cinq sous ce qui, à bon marché, en valait cent.
Deuxième visite des dragons, à Mougon.
Notre calme ne dura qu'environ douze ou quinze jours, au bout desquels la compagnie du sieur de MALFONTAINE arriva dans la paroisse de Thorigné joignant la notre... Nous résolûmes de partir la nuit du dernier jour de ce mois d'octobre ... Quand ils eurent tout vendu, ils sortirent du logis excepté deux, lesquels incités par le curé, ... s'étant fait apporter des gros marteaux, brisèrent tous nos meubles ...Le curé, plein de rage, pour m'empêcher de retourner une seconde fois dans ce logis, obligeât ces cavaliers de rompre les portes et les fenêtres d'icelui.
Troisième visite des dragons, Mauzé, 23 septembre 1685.
... la notre (maison) ne fut pas épargnée, et il ne resta que les quatre murailles."